Le Gothique
Les Templiers tout au long de leur existence, ont manipulé le symbole, avec l’art consommé de l’initié !
Ils excellèrent dans les constructions dites templières et aussi dans les fameuses cathédrales gothiques dont chaque chantier, faut-il encore le rappeler, a été financé, alors que la France manquait d’argent, par l’Ordre du Temple.
Il faut le dire avec vigueur : sans l’Ordre du Temple, la France n’aurait pas ces extraordinaires vaisseaux de pierres et de lumière que sont les cathédrales gothiques, elle n’aurait pas aujourd’hui sous les yeux, tel un livre ouvert, le plus parfait exposé de l’ésotérisme chrétien…
Les Chevaliers aux blancs manteaux, n’ont jamais rien fait au hasard, tout, absolument tout était méticuleusement, calculé, élaboré, mis en place.
Il y avait une réelle volonté de graver pour l’éternité des symboles pour leurs héritiers…
Rappelons que les lieux n’étaient pas implantés au hasard, mais étaient tous des lieux de culte païen ou celtique.
I : Les bâtisseurs de Dieu, dans la foulée de Clairvaux et Cluny
L’Aube fut un grand centre de vie monastique. Les premières abbayes furent bénédictines, comme Montier la Celle, Notre Dame aux Nonains, Montiéramey. Robert, ancien moine de Montier la Celle, fonda celle de Molesmes, puis de Citeaux.
En 1115, Saint Bernard fonde celle de Clairvaux, qui, à son tour essaima dans toute l’Europe.
En 1119, Hugues de Payns, institua l’Ordre du Temple.
Fondé sous l’impulsion de Saint Bernard de Clairvaux, l’Ordre des Templiers a versé son sang sur les champs de bataille des croisades et protégé les bâtisseurs de cathédrales, auxquels il a confié de nouveaux savoirs.
Richissime, l’Ordre des Templiers avait réussi à poser les fondements d’une nouvelle civilisation. Les cathédrales, dans la mystique de saint Benoît puis de saint Bernard, en étaient la dimension spirituelle, l’aboutissement du long labeur élaboré à l’abbaye de Clairvaux et à l’abbaye de Cluny, où ont été établies les fondations de la civilisation chrétienne occidentale. Plus de 1300 monastères se rangeront en effet sous la règle clunisienne. Et c’est de ce creuset, aussi, qu’est issu le pape Urbain II, qui prêchera la première Croisade.
Parfaitement organisés, les Templiers avaient assuré le nécessaire vital, le blé, l’outil, l’argent. Avec les cathédrales, ils ont donné au peuple la clé de l’éveil spirituel qui lui manquait. Pour agir sur la pierre, il fallait des constructeurs initiés à certaines lois, à l’instar des constructeurs de dolmens sacrés et des pyramides d’Egypte.
Opération de « magie collective » pour la reconquête des lieux saints, les croisades ont donc favorisé l’essor des cathédrales gothiques dans tout l’Occident...
- Pourquoi, comment, s’est-il trouvé, tout à coup dans l’Occident chrétien, des « dompteurs » de pierre comme on n’en avait jamais vu depuis les pyramides ?
- D’où tenaient-ils leur savoir d’initiés ?
- Combien de générations de maçons et de tailleurs de pierre faudrait-il, aujourd'hui, pour produire des maîtres capables de réaliser l'équivalent des cathédrales de Chartres ou d'Amiens?
On objectera que ce phénomène, unique dans l’histoire de l’architecture, est aussi une question de « mode ». Mais le propre de l’architecture n’est-il pas de s’adapter à l’esprit de son temps ?
Et en ce temps là, c’est bel et bien une révolution culturelle et spirituelle que les Templiers opèrent !
Des bâtisseurs de jadis ont laissé leurs signatures, sur des poutres ou des pierres. On connaît des noms d’architectes et de maîtres d’œuvre, pour la plupart des cathédrales, mais pas pour Chartres...
Le fait est que l’on sait peu de choses sur l’origine de ces constructeurs, sur le savoir-faire dont ils ont été les dépositaires. Chaque corporation détenait quelques savants secrets que l’on ne pouvait utiliser sans être instruit d’autres clefs hermétiques, et ce travail, produit par des adeptes du secret, était lié à un caractère essentiellement religieux, quasi sacerdotal et conféré par initiations successives et graduelles
Ils étaient réunis en confréries, fraternités, ou compagnonnages, un mot qui vient de « compas », leur outil de prédilection, et signifiant aussi « qui partage le même pain… ».
Les confréries les plus connues avaient pour nom les Enfants du père Soubise, les Enfants de Maître Jacques*1 ou les Enfants de Salomon. Elles ont aujourd’hui pour héritiers les Compagnons des devoirs du Tour de France. Certains d’entre eux ont gardé une tradition initiatique et morale de savoir-faire et de « chevalerie de métier » en refusant, par exemple, de construire des forteresses et des prisons, leur œuvre étant dévolue aux hommes libres.
La cathédrale, dans cette éthique, apparaît paradoxalement comme un édifice laïc, au sens originel du terme, car construit pour l’Âme du peuple et non pour la gloire des seigneurs.
De saint Louis, ardent croisé, les bâtisseurs de cathédrales obtinrent des franchises royales qui en firent des « maçons francs ». C’est dire la reconnaissance et l’estime dont ils jouissaient.
Ces privilèges, le roi Philippe le Bel, dans son acharnement pour anéantir les Templiers, les supprima sèchement...
II : Sous protection templière
En effet, les bâtisseurs de cathédrales furent pourchassés lors du procès des chevaliers du Temple, leurs protecteurs. Si bien que beaucoup disparurent, signe de leur inclusion dans l’ordre, d’autres entrant dans la clandestinité.
La cathédrale de Chartres a dû être construite par les Enfants de Salomon, qui édifièrent la majorité des autres grands sanctuaires gothiques, comme Amiens et Reims. Les bâtisseurs étaient très liés aux Templiers, qui les avaient instruits et pris sous leur protection. Et on peut remonter plus loin. Car ces constructeurs puisent leurs origines dans les écoles initiatiques de l’ancienne Egypte.
L’art gothique, en tout cas, prospère en même temps que l’Ordre du Temple. Et il déclinera avec lui, de même que l’art du vitrail, tel que splendidement pratiqué à Chartres, lorsque l’Ordre sera brisé, au terme d’un des procès les plus scandaleux de l’histoire.
C’est si vrai que, sept siècles plus tard, lorsque des compagnons travaillèrent sous les ordres de l’architecte et restaurateur de cathédrales Viollet-le-Duc (1814-1879), ils s’effarèrent, raconte Louis Charpentier, « de ce que le moindre choc sur certaines pierres provoquait des ondes sonores comme on en obtient sur des ressorts tendus ou sur des cordes d’instruments de musique ».
III : Le Temple anéanti, la civilisation idéalisée se transforme.
On ira jusqu’à dénigrer le gothique et s’enticher d’art classique antique. Restent les pierres et leur mémoire. Aux XVe et XVIe siècles, le gothique, sur le déclin, devient flamboyant. Des « flammes » architecturales hautement symboliques : on donne dans la surenchère de dentelles de pierres, on répète obsessionnellement courbes et contre-courbes, on démultiplie les nervures dans les voûtes. On assiste à un tumulte plastique qui ne traduit plus la mission fonctionnelle et mystique de l’art gothique, mais la douloureuse inquiétude spirituelle des temps.
IV : L’évolution architecturale
A) Le Roman
La voûte en berceau du style roman (romain/ grec) est très lourde et nécessite des murs très épais, renforcés d’importants contreforts, car le poids des pierres de la voûte en poussant celle-ci vers le bas par la pesanteur, allonge son arc et de ce fait, écarte les murs en haut (voir les pointillés qui simulent le déplacement); seuls le poids des murs et des contreforts permettent de s’opposer à ces forces : les ouvertures sont donc peu nombreuses et petites car il ne faut introduire aucune fragilité, hauteur et largeur sont donc relativement limitées.
Le style roman, lourd, assez sombre, incitait à la méditation, à l’introspection, à la prière, il est parfaitement adapté à l’environnement monacal
Voute romane
B) Le Gothique
L’architecture gothique apporte l’arc brisé (pointu au sommet et non rond); reposant sur des groupes de piliers (4, 6 …), ces arcs se raccordent au sommet sur une pierre dite clef de voûte. Ce module de base se répète ensuite tout au long de la nef ; le gothique crée également l’arc-boutant, qui prend appui lui-même sur un fort pilier, dit de culée, lequel est surmonté d’une flèche ou tourelle (pinacle) afin de l’alourdir (et non pour l’esthétique, bien qu’ils soient tout de même travaillés).
C’est une architecture très complexe dans le raccordement des formes, très audacieuse, inventive et contemporaine, comparable à nos constructions modernes si l’acier et le béton avaient été connus. Car une cathédrale gothique est un squelette formé d’une multitude de piliers supportant de très nombreux arcs de pierre (croisées d’ogives), le tout étant renforcé par des jambages extérieurs (arcs-boutants) qui contrebuteront la poussée s’exerçant vers l’extérieur, cette poussée provenant des arcs de pierres du sommet entre lesquels seront posées les pierres de la voûte. Il faut y ajouter tout un ferraillage d’agrafes et tenons entre les arcs (notamment pour les rosaces), et des lourdes ceintures en fer de Tolède qui relient les piliers entre eux (Reims, Amiens et toutes les grandes); du plomb coulé assure la cohésion du fer avec la pierre. Le reste ne serait que remplissage si les murs n’avaient pas également un rôle de blocage de l’ensemble, sans omettre les ailes du transept (en forme en croix), ni la façade, qui apportaient également de la rigidité.
Les arcs brisés de l’architecture gothique permettent l’allégement du poids des pierres de la voûte, l’accroissement de la largeur et la hauteur, le tout autorisant la découpe de grandes ouvertures dans des murs amincis.
Croisées d'ogives
Mais les efforts demeurent les mêmes que pour les voûtes romanes et piliers et murs sont poussés vers l’extérieur pour les mêmes raisons.
Au début, avant l’invention de l’arc-boutant extérieur, on construisait de lourdes galeries à l’intérieur qui "retenaient" en quelque sorte les piliers et les murs. Des contreforts extérieurs complètent l’action de ce dispositif. ( dessin du dessus 1ère période).
Avec l’invention de l’arc-boutant extérieur, on supprime les galeries
Arc boutant cathédrale d'Amiens
Malgré l’allègement des murs et de la voûte du plafond *2, l’effort exercé par la voûte est telle que les piliers et les murs s’écartent sensiblement de la verticale (vers l’extérieur), faisant une sorte de petit gonflement visible vers le haut si l’on peut trouver un repère vertical à proximité, comme les tuyaux d’orgues par exemple, ou le fil d’un lustre. Heureusement, l’ossature d’un tel édifice possède une étonnante élasticité (relative bien sûr, de quelques centimètres).
Le style gothique lui, incite à se tourner vers le Ciel et sa Lumière, il transporte véritablement les foules. Les Templiers l’ont offert à l’Occident, mais ne suivirent pas ce chemin destiné à la masse et les églises de l’Ordre étaient dépouillées de tout ce qui n’incitait pas au recueillement…
*1 : Les compagnons bâtisseurs du Temple de Salomon étaient composés d’une mosaïque d’hommes d’Asie Mineure, dont des Juifs, des Phéniciens, des Hittites et des Egéens, l’histoire nous rappelle aussi que des colonies (dont ces bâtisseurs…) migrèrent vers l’actuelle Provence et s’y installèrent, de même que Jacques le Mineur (que les compagnons vénèrent sous le nom de Maître Jacques) !
*2 : C’est évidemment tout relatif car il s’agit tout de même de grandes quantités de pierres qui pèsent encore très lourd; il est dit que la seule pierre de clef de voûte peur peser de 400 à 600 kilos !